Le jour où Thiago Silva a failli mourir en Russie
Touché par la tuberculose, le défenseur brésilien a vécu l’enfer dans le pays qui doit lui offrir son premier Mondial.
- Publié le 05-07-2018 à 21h01
- Mis à jour le 06-07-2018 à 07h58
Touché par la tuberculose, le défenseur brésilien a vécu l’enfer dans le pays qui doit lui offrir son premier Mondial. Une scène observée dans la Samara Arena, lundi dernier, suffit à résumer l’importance de Thiago Silva. Deux heures et demie après leur qualification face au Mexique, les joueurs brésiliens quittent (enfin) le vestiaire et se présentent dans la zone réservée aux interviews. Plusieurs éléments ne sont même pas arrêtés, comme Marquinhos, par exemple, mais le capitaine est, à la fois, demandé par les journalistes français, belge et brésilien. Pendant une demi-heure, il a enchaîné les réponses, alors que la plupart de ses équipiers attendaient déjà dans le car.
Ce statut, Thiago Silva l’a gagné grâce à ses performances sur le terrain. Mais aussi suite à une histoire personnelle qui aurait pu être un superbe scénario de roman ou de film. Il faut remonter treize années en arrière pour comprendre d’où Thiago Silva tient cette force mentale et physique qui lui a permis de gagner un surnom suffisamment évocateur : O Monstro.
À l’époque, il vient de boucler une première saison au FC Porto, mais avec l’équipe réserve. Acheté deux millions et demi d’euros, il n’était pas encore prêt à s’illustrer avec l’équipe première selon le staff technique local. Il prend alors la direction du Dynamo Moscou, tout juste racheté par l’oligarque Aleksey Fedorychev, un ami de l’agent Jorge Mendes, où il est prêté durant une saison. Ses premières sorties en campagne de préparation impressionnent l’entraîneur principal, qui espère construire sa défense autour de lui, alors qu’il n’a que vingt ans. "Je n’avais jamais vu un défenseur aussi prometteur", confie Andrey Kolobef, le coach.
Mais rapidement, il apparaît que Thiago Silva ne pourra jamais disputer la moindre rencontre officielle pour le Dynamo. Il tousse, a de la température et les médicaments n’ont aucun effet sur lui. Le médecin du club moscovite décide de l’emmener à l’hôpital et les résultats ne laissent pas la moindre place au doute : il est touché par la tuberculose. "J’ai ressenti les premiers symptômes au Portugal. Je me plaignais de douleurs à la poitrine mais personne ne s’en inquiétait. On ne m’a pas fait passer d’examen et ma santé s’est dégradée", confiait-il au mensuel So Foot.
L’enfer peut commencer pour le défenseur. Il est immédiatement placé en quarantaine car cette maladie est contagieuse par voie orale. Il se retrouve dans une chambre minuscule, loin de tout le monde et sans possibilité de communiquer avec le personnel hospitalier car il ne parle ni russe ni anglais. "C’était vraiment très difficile. À gauche, il y avait un lit et un lavabo minuscule. En face, une console et quelques jeux. Il y avait aussi une salle de bains : une douche avec un trou pour évacuer l’eau… qui me servait aussi de toilettes. Je faisais mes besoins et je me douchais au même endroit", décrit-il.
Thiago Silva passe six mois dans cette chambre. Mais il n’a pas d’autre solution car sans traitement, il ne lui restait plus que quelques semaines à vivre.
Au début, les soins ne font pas effet et une ablation partielle du poumon est évoquée. Déprimé, le Brésilien pense que sa carrière si prometteuse est déjà foutue. "Le froid, le manque de lumière naturelle, le fait de ne parler à personne… J’avais juste la chance d’avoir une super situation financière par rapport aux autres patients. Je suis d’ailleurs l’un des seuls à avoir grossi car quand ma mère est arrivée à Moscou, elle m’a amené beaucoup de chocolat. La nourriture de l’hôpital était froide et immangeable."
Lorsque le personnel l’autorise à suivre la fin de son traitement au Brésil, il part immédiatement. Sans se retourner. "J’ai tout abandonné : affaires, habits, maison. Tout ! Comme si je fuyais la fin du monde. Je ne retournerai plus jamais en Russie", disait-il, il y a quatre ans, au mensuel français.
Sauf pour disputer un Mondial. Mais cela en valait bien la peine…